Gabriella Cheryl, 25 ans

Je suis une femme algonquienne et ojibwée du territoire visé par le traité no 9. Mon nom spirituel est « la femme qui se tient à l’avant » et j’appartiens au clan de l’ours. J’habite actuellement le district de Timiskaming du Nord de l’Ontario. J’aimerais vous parler de mon expérience en tant que personne aux prises avec des dépendances vivant dans le Nord de l’Ontario.

Je suis une survivante de l’épidémie de fentanyl et, depuis deux ans, je travaille activement à ma guérison. Ma lutte contre la dépendance a commencé par la prise d’un médicament d’ordonnance duquel j’ai été mal sevrée. Pendant la diminution graduelle de la dose de mon médicament d’ordonnance, on m’a adressée à un centre de traitement de substitution à la méthadone. Je ne m’étais pas rendu compte que j’avais besoin d’un soutien supplémentaire dans ce parcours, et on ne m’a rien proposé ou donné pour m’aider à tirer pleinement parti du programme. Le programme m’a aidée à atténuer les symptômes de sevrage, mais on ne m’a offert aucun service pour m’aider à gérer mon propre rétablissement ou à comprendre les déclencheurs et les stratégies d’adaptation. À mon avis, tout ce qu’on a fait, c’est de créer une dépendance en combattant les symptômes de sevrage sans rien m’offrir pour m’aider à prendre en main mon rétablissement. On m’a laissée à moi-même pour trouver mon propre soutien et mes propres ressources.

Environ un an après avoir développé une dépendance active, j’ai commencé à travailler avec l’équipe de Mino M’shki-ki et ma travailleuse de soutien culturel. Grâce à ma travailleuse, j’ai réussi à avoir accès à des séances individuelles hebdomadaires et à des mesures de soutien culturel. Elle m’a aussi aidée à faire des demandes de traitement. Les membres de l’équipe m’ont donné les moyens d’assumer mon rétablissement, ce qui m’a permis de siéger aujourd’hui au comité consultatif des personnes ayant une expérience passée ou présente à l’appui de la Stratégie contre les drogues et l’alcool du Timiskaming. J’ai aussi eu la chance de travailler avec la Thunderbird Foundation afin d’obtenir la formation nécessaire pour bien me préparer à travailler dans mon domaine. Je me consacre aussi actuellement à l’obtention d’un permis d’enquêteuse privée.

Si j’avais eu accès à des services de counseling et à un soutien culturel dès qu’on m’a adressée au centre de traitement à la méthadone, je serais peut-être plus avancée dans mon rétablissement. Voilà pourquoi, aujourd’hui, je revendique des aiguillages vers différents services, par exemple les services de soutien culturel et de santé mentale, lorsqu’on oriente pour la première fois des gens afin qu’ils reçoivent des services et se soumettent à des évaluations. Les gens doivent avoir facilement accès à ces types de soutien; si je ne les avais pas découverts, je ne serais pas en vie aujourd’hui. Beaucoup de personnes ne savent même pas par où commencer pour trouver les ressources de la sorte, et beaucoup meurent avant d’y arriver.

Je veux que mon histoire parvienne à illustrer que le succès est possible si on peut avoir accès aux ressources quand on a en besoin. Le contraire de la dépendance, c’est l’établissement de liens.

Miigwetch d’avoir pris le temps de lire mon histoire.