Brian, 45 ans

J’ai commencé à boire et à prendre de la drogue à 13 ans. Autrement dit, je mène une bataille depuis plus de 30 ans. J’ai passé une grande partie de ma jeunesse seul ou avec des gardiennes que je ne connaissais pas. Je ne savais vraiment pas ce qu’était l’amour. Mes parents se sont séparés quand j’avais un an et j’ai vécu avec ma mère jusqu’à 10 ans. Elle a fait de son mieux, mais elle s’est remariée et je ne m’entendais pas avec mon nouveau beau-père. Mon père a entrepris des démarches pour me garder, et au bout de quelques mois, ma mère m’a demandé où je voulais vivre. J’avais seulement 10 ans et on voulait que je choisisse entre mes parents.

J’ai fini par aller vivre chez mon père, car il m’achetait tout ce que je voulais. C’était mieux que de toujours me faire crier après par mon beau-père. Mon père travaillait tout le temps et me laissait des sommes d’argent énormes pour que « je prenne soin de moi ». Bref, j’étais livré à moi-même et j’avais une grande peur de l’abandon.

Après avoir découvert les drogues et l’alcool, j’ai arrêté de me sentir seul. En vendant de la drogue, je pouvais contrôler les personnes de mon entourage et éviter à tout jamais d’être abandonné. Cela a rapidement fait son temps, mais c’était surtout une façade. Le mauvais l’emportait nettement sur le bon. S’il est vrai que je jouissais d’une « fausse popularité » et qu’au début, j’avais de l’argent pour m’acheter des choses, il n’a pas fallu longtemps pour que ces faux amis commencent à disparaître, que ma famille me renie, ni plus ni moins, et qu’on m’expulse de l’école. En raison de ma dépendance, je ne pouvais garder aucun emploi.

La dépendance a fini par me faire aboutir dans le système de justice pénale. J’ai commencé à me faire arrêter. Au fil des ans, c’est devenu une habitude. Je me faisais souvent mettre en prison. C’est pendant cette période que de puissants opioïdes ont commencé à tuer beaucoup de mes amis. C’est cet état de choses combiné au fait que je savais que j’avais rendu beaucoup de personnes malades aux États-Unis en leur envoyant des drogues de mauvaise qualité qui m’a incité à tout arrêter.

J’avais déjà essayé; j’avais passé un an dans un foyer de rétablissement qui offrait un programme de 90 jours. J’ai suivi le programme quatre fois d’affilée. J’ai beaucoup appris et j’ai arrêté de consommer des opioïdes, mais j’ai refusé d’adopter l’aspect spirituel du cheminement. Peu après le programme, je me suis retrouvé exactement au même point qu’avant; je me sentais seul, pris au piège et sans espoir.

J’ai commencé à essayer d’entrer de nouveau dans un centre de traitement. Cette fois, j’étais sérieux. Malheureusement, je me suis encore fait arrêter parce que je vendais de la drogue en attendant d’avoir une place. Mais, j’ai fini par être admis dans un centre. J’y suis allé pour quitter le programme deux jours plus tard. Dès mon retour à la maison, je me suis remis à consommer, je suis devenu sans-abri et j’ai vendu la plupart des choses que j’aimais pour pouvoir continuer à consommer. Enfin, après deux ou trois mois, le centre de traitement m’a rappelé et j’ai décidé de vraiment y mettre l’effort cette fois.

Au début, je voulais partir. Pour moi, ce n’était que du bla-bla tout ça. Mais au bout de quelques jours, j’ai décidé d’être honnête envers moi-même et d’accepter d’essayer de nouvelles choses que je ne comprenais pas vraiment; j’ai accepté de tout essayer pour devenir abstinent. Et cette attitude a commencé à donner des résultats. Voilà COMMENT j’ai arrêté de consommer.

Un séjour de deux mois dans un foyer de rétablissement et un séjour de trois mois dans un autre, où j’ai pu venir à bout de mes souffrances et de mes traumatismes, ont fait ressortir le bon en moi. Après avoir embrassé la sobriété, je me suis mis à adorer me lever chaque jour. De bonnes choses ont commencé à m’arriver. Les gens ont commencé à me faire confiance de nouveau et même à me demander de les aider. C’est tout nouveau pour moi, mais c’est ce qui m’aide à ne pas consommer. Maintenant, je peux accepter ce qui se passe sans avoir peur. Ma foi m’aidera à traverser ce qu’elle me fait traverser. Il y a quelque chose d’autre de nouveau : je m’aime. Je suis reconnaissant pour chaque jour et chaque bonne personne que je rencontre dans le chemin de la sobriété.

Cela n’a pas toujours été facile. J’ai encore des envies et il serait incroyablement facile de faire une rechute. Heureusement, je peux regarder où j’en étais et me rendre compte que je ne veux pas y retourner. Jusqu’à présent, jour après jour, heure après heure, minute après minute, cette méthode fonctionne. Comme il y a une foule de personnes que je dois remercier pour ma sobriété, je vais me contenter de simplement remercier l’univers et tout ce qui le compose.

7 mars 2023